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Mon amour du cinéma...

J'ai tout juste cinq ans, et commence déjà à me débrouiller pour trouver quelques lires et aller au cinéma. En novembre, la Sicile, comme bien d'autres pays, fête ses morts. Une belle occasion pour moi... Je sais que les Siciliens sont pratiquants et qu'ils honorent leurs morts au cimetière. À quatre ou cinq ans, je trouve une idée de génie : leur vendre des bougies. Le marchand me donne ces précieuses lumières et durant toute la journée, posté à l'entrée du cimetière, j'attends mes clients. Un marché assez lucratif à en voir la poignée de lires que me donne l'épicier, le soir, lorsque je lui remets la recette de la journée. Ce n'est pas la fortune, mais ce n'est pas ce que je recherche, moi, ce que je veux, c'est juste pouvoir me payer une place au cinéma du village. Durant toute ma jeunesse sicilienne, je ne penserai qu'à ça : m'offrir un après-midi de rêve, devant l'écran blanc. Zorro, Tarzan, des films italiens, bien sûr, mais aussi américains avec Gary Cooper, Déborah Kerr... J'ai toujours adoré le cinéma, même si, la première fois, je n'ai pas bien compris la magie de l'écran... J'étais alors persuadé que les personnes qui jouaient, le faisaient réellement devant nous, et j'avais vraiment beaucoup de mal à comprendre comment un acteur pouvait ressusciter à chaque nouveau film ! Que de moments merveilleux j'ai passé grâce à toutes ces aventures vécues par procuration ! Même si je ne me sens pas malheureux, je sais qu'une vie différente existe ailleurs et c'est tellement essentiel pour moi !

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...choisissant la plus longue et se lancer pour dévaler la ravine sans tomber. Ou alors, on faisait des parties de cache-cache-coucou, d'osselets ou de pench, avec des cailloux qu'on lançait en l'air avant de tenter d'en rattraper le plus possible sur le dessus de la main. La journée passait vite à s'amuser d'un rien, juste avec ce que la nature nous offrait et en revenant chez moi, le soir, je savais qu'il me faudrait attendre une semaine pour avoir droit, moi aussi, à ma journée de repos.

Petit à petit, mon père reprend sa vie en main, il remonte la pente et arrive à nous nourrir et son travail commence à bien marcher. Grâce à ses efforts et peut-être aussi à notre aide, nous arrivons à mieux vivre, mais encore une fois, le destin va nous jouer un sale tour. En octobre 1963, le cyclone Flora dévaste le pays, ce sera d'ailleurs un des plus meurtriers que l'île ait connu. Notre village n'est pas épargné et papa nous enferme avec lui dans notre petite maison de terre. A 10 ans, je me souviens très bien de la peur que j'ai connue, des quatre jours qui nous avons passé tous les trois dans une lakay trop fragile pour résister à la force du vent. Tout s'est écroulé sur nous ! Le village nous pensait morts, mais grâce au toit en paille qui laissait passer l'air et l'eau de pluie, nous avons pu tenir le coup. Après ces longues journées à retirer la paille et le bois, à taper sur tout ce qu'on pouvait trouver en criant "On est là ! On est là !" pour alerter...