Bio01

...choisissant la plus longue et se lancer pour dévaler la ravine sans tomber. Ou alors, on faisait des parties de cache-cache-coucou, d'osselets ou de pench, avec des cailloux qu'on lançait en l'air avant de tenter d'en rattraper le plus possible sur le dessus de la main. La journée passait vite à s'amuser d'un rien, juste avec ce que la nature nous offrait et en revenant chez moi, le soir, je savais qu'il me faudrait attendre une semaine pour avoir droit, moi aussi, à ma journée de repos.

Petit à petit, mon père reprend sa vie en main, il remonte la pente et arrive à nous nourrir et son travail commence à bien marcher. Grâce à ses efforts et peut-être aussi à notre aide, nous arrivons à mieux vivre, mais encore une fois, le destin va nous jouer un sale tour. En octobre 1963, le cyclone Flora dévaste le pays, ce sera d'ailleurs un des plus meurtriers que l'île ait connu. Notre village n'est pas épargné et papa nous enferme avec lui dans notre petite maison de terre. A 10 ans, je me souviens très bien de la peur que j'ai connue, des quatre jours qui nous avons passé tous les trois dans une lakay trop fragile pour résister à la force du vent. Tout s'est écroulé sur nous ! Le village nous pensait morts, mais grâce au toit en paille qui laissait passer l'air et l'eau de pluie, nous avons pu tenir le coup. Après ces longues journées à retirer la paille et le bois, à taper sur tout ce qu'on pouvait trouver en criant "On est là ! On est là !" pour alerter...